Jehial

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29 septembre 2009

L'inconnue

Publié par Jehial


Je devais rentrer chez moi de Gare du nord, le lecteur mp3 était nécessaire. Je m’équipe alors de mes oreillettes et je suis les informations signalétiques jusqu’au dernier couloir, amenant sur le quai de la ligne 4, en direction de la porte de Clignancourt. Là où cette pancarte écrite en gros caractère annonçait le nom des stations desservies.

Je remarque cette femme, pas une jeune femme, une femme d’une trentaine d’années avec des jambes magnifiques sous un manteau noir lui arrivant jusqu'au haut des genoux. Elle marchait lentement, l’air hésitant, je décide de la doubler et de retrouver mon quai le plus vite possible, mais tout à coup, à travers le son musical dans mes oreilles, une fine voix fait entendre un « Excusez-moi » légèrement accentué et intriguant. Je retire précipitamment mes écouteurs, et rétorque un « oui » interrogatif et spontané.

Je lui indique le chemin pour se rendre à la Porte Maillot, celui que j’ai su donner le plus rapidement après un bref « Euh ?! » qui m’invitait peut-être à pouvoir de nouveau observer ses jambes. « Si vous voulez, vous pouvez prendre le bus PC3 à la porte de Clignancourt. » Les yeux préoccupés de celle-ci me fit rajouter : « Au terminus de ce train. » Là ou je me rendais. Je monte dans un wagon du train qui vient tout juste d’aborder le quai et, je remarque qu’elle monte dans un autre wagon, juste plus en avant.

Je m’assois et repense à cette étrange rencontre, tout en croisant le regard de cette jolie fille aux cheveux châtains monté en courant au moment où le signal de fermeture des portes retentissait. Des lèvres très lascives et un regard ennuyé mais séduisant. Un corps recouvert d’une longue robe très fine, qui remontait jusqu’au haut de sa poitrine, laissant apparaître la sensualité renfermé de ces deux formes ronde entouré d’un voile blanc qui donnait l’impression qu’elle volait, même ses pieds en étaient absent. Elle s’en alla, flottante, à l’arrêt d’après.

En sortant au terminus, je recroise cette femme, l'air perdue. Sans même m’introduire dans mon explication, je lui indique la sortie pour rejoindre les bus et je rajoute que je prends la même ligne qu’elle, dans le sens inverse. Elle prend l’initiative de passé devant moi et je me retrouve placé le nez devant ces jambes de déesse en montant un escalator automatique… Fines et évasées de la cheville jusqu’au haut de la jambe, avec une courbe parfaite. Comme disait Monsieur Truffaut, « Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tout sens, lui donnant son équilibre et son harmonie. », je crois que nous avons dévalé des montagnes.

Mon attitude semble légèrement retirée, j’avance sans être trop rapide, pour sentir que cette femme me suit, mais l’invitant dans mon chemin, je marche tranquillement et lui indique l’arrêt de bus. Je dis au revoir à cette inconnue, et « bon courage » répondu par un « Bonjour…euh... Merci, Bonne soirée » signalant que cette femme n’était pas vraiment d’ici ou alors qu’elle ne se sentait pas à l’aise.

Je traverse le boulevard à deux voies, séparé par un talus me permettant de rejoindre l’arrêt d’en face. Aucun bus au loin mais le cadran d’information annonce un bus en direction de Porte Maillot dans cinq minutes. Je regarde en face, et revoit cette femme égaré se débarrassant de son manteau noir. Et la je tilt.

J’avais donné la mauvaise direction à cette femme, en réalité, elle devait prendre le même bus que moi. Après un moment de réflexion, je décide de revenir à sa rencontre pour lui annoncer mon erreur. J’ai cinq minutes. Je traverse de nouveau le boulevard et trottine jusqu'à elle. « Excusez-moi, je vous ai donné la mauvaise direction, c’est en face. » Son visage paraissait soulagé, l’ambiance est tout à coup détendue et j’ose expliquer que « J’ai préféré revenir pour réparer ma bêtise », plutôt que de ne rien faire. Elle acquiesça et rajouta que si ça avait été le cas, elle m’aurait haït. J’observe ses jambes plus amplement, sous ce manteau noir se trouvait une petite jupe de tailleur, et un jolie corset.

Elle me suit de nouveau en traversant, et par un élan de curiosité, je lui demande la raison de sa visite à Paris, elle me rétorque qu’elle est là « pour recruter quelqu’un pour son entreprise » de façon très hésitante, comme si c’était une formulation très vague. Sans chercher d’explication, je me dirige vers notre bus, et elle me suit toujours. Nous montons, l’un après l’autre et nous nous plaçons debout, non loin l’un de l’autre.


Extrait des Mémoires d'Ailleurs de Jehial

Par Alwena le 5 octobre 2009
gare du nord...celle où j'ai vu cet homme pour la première fois...et aussi la dernière...où ces yeux étaient humides et les cœurs semblaient incontrôlables...
Que le temps est long...
 

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